Maraudes solidaires

Depuis le rétablissement des contrôles aux frontières en 2015, des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants traversent la frontière franco-italienne dans les Hautes-Alpes, au péril de leur vie, dans des conditions hivernales extrêmement difficiles.Avec l’annonce du Président de la République, le 5 novembre 2020, d’un doublement des effectifs affectés aux contrôle des frontières (sous couvert de lutte contre le terrorisme), la situation est devenue encore plus tendue qu’elle ne l’était déjà. Dans un contexte déjà marqué par une militarisation de la frontière, ces contrôles renforcés ont poussé les personnes en migration à prendre des chemins toujours plus dangereux. Cette situation a pu conduire à des événements tragiques : depuis 2017, au moins quatre décès ont été recensés. Par ailleurs, les personnes exilées interpellées par les forces de l’ordre à la frontière franco-italienne ont de plus en plus de mal à accéder à leurs droits, tant en matière de demande d’asile ou d’accès aux soins par exemple.Afin d’éviter de nouveaux drames, le réseau solidaire existant depuis des années dans le Briançonnais a continué de se mobiliser. Or ce réseau solidaire est de plus en plus entravé par diverses politiques, telles que la suppression de locaux grâce auxquels les associations menaient à bien leurs activités, le refus d’assistance médicale et juridique auprès des exilé·e·s, de multiples pressions policières ou encore les poursuites judiciaires des solidaires au mépris du principe de fraternité reconnu pourtant par le Conseil constitutionnel le 6 juillet 2018. Les actions citoyennes pour la protection des personnes exilé·e·s sont de plus en plus criminalisées, comme en attestent la multiplication de procès. Dernièrement, deux maraudeurs ont été jugés en première instance à Gap le 22 avril 2021 et sept autres jugés à la cour d’appel de Grenoble le 27 mai 2021. Ces opérations judiciaires ont pour but de faire peur et de décourager les actions de solidarité. A la haine et à l’intimidation policière et judiciaire, 17 élu.e.s solidaires du Sénat, de l’Assemblée Nationale et du Parlement européen ont voulu opposer la solidarité et la fraternité humaine.LE MESSAGE EST SIMPLE : tout être humain, indépendamment de ses origines, mérite le respect et la dignité.C’est dans cet esprit qu’ont été effectuées des maraudes solidaires à Montgenèvre (Hautes-Alpes) du 11 décembre 2020 au 9 avril 2021. Cette initiative s’inscrit dans un partenariat en place depuis plusieurs années avec les associations de défense des droits des personnes exilées et l’ANVITA (Association Nationale des Villes et Territoires Accueillants). Les élu.es étaient aux côtés de bénévoles de nombreuses associations (Médecins du Monde, Anafé, Tous Migrants…) et de citoyen.ne.s mobilisé.e.s depuis plusieurs années sur ce point de passage particulièrement dange-reux. Il faut saluer le travail et l’esprit de solidarité qui les animent.L’objectif premier de ces maraudes est bien sûr de porter assistance sur le territoire français aux personnes exilées en détresse. Mais pour les élu.e.s, il s’agissait aussi d’observer la façon dont la police aux frontières (PAF) agit en direction des personnes exilées et des maraudeur.se.s, et d’observer les manquements aux droits. Chaque journée ou nuit de maraude a donc donné lieu à une attestation sur l’honneur de la part des élu.e.s présent.es.

Synthèse des maraudes solidaires

Partager